L’une des marques des sociétés contemporaines tient à l’accès sans équivalent à une masse d’informations. Le domaine de la santé et des produits de la santé (dont le médicament) n’échappe pas à ce constat. Pour autant, la période n’a jamais été aussi trouble avec la place désormais occupée par la désinformation. C’est justement le sujet porté par une des tables rondes des ateliers de Giens en 2023 et plus précisément sur les actions pour lutter contre cette désinformation sur les produits de santé
La place croissance du numérique, des réseaux sociaux, la multiplicité des canaux et la volumétrie des informations, la place du médicament désormais objet sociétal, ainsi qu’une parole publique insuffisante et peu adaptée aux situations d’incertitude sont autant de constats qui témoignent de l’existence d’un virage et non pas d’un épiphénomène transitoire.
La définition de la désinformation qui ne se limite pas aux fake news, et compte à la fois des contributeurs non intentionnels (imprudence, extrapolation…) et des contributeurs intentionnels (par omission, manipulation) aux motivations multiples (bénéfice individuel, politique, financier…) agissant sur un terreau fertile (la faible éducation scientifique, les peurs, les incertitudes, le complotisme…), le tout étant amplifiés par les plateformes et réseaux sociaux.
Les participants de cette table ronde ont émis neuf recommandations (R) pour lutter contre la désinformation sur les produits de santé :
R1 : La création d’une plateforme collaborative ‘Information / formation sur les produits de santé, plateforme avec 5 qualités majeures accessibilité, flexibilité, objectivités, transparence et indépendance et des supports adaptés aux différentes cibles
R2 : Promouvoir les connaissances de base sur les produits de santé : éducation / formation afin de restaurer l’image particulièrement dégradée du médicament et de former le public à utiliser de manière appropriée des notions de base
R3 : Renforcer la parole publique partant du constat que l’information est la principale arme contre la désinformation avec notamment la coordination de la communication des différentes institutions afin de rendre plus audible la parole publique, et une clarification des messages institutionnels, les rendre les plus factuels et les hiérarchiser
R4 : Savoir communiquer avec les bons codes et outils avec la nécessité de s’adapter aux évolutions et codes nouveaux afin que les messages soient mieux compris parce que pour être compris le fond et la forme sont indissociables ;
R5 : Développer la recherche sur la communication dans le domaine des produits de santé
R6 : Se doter d’outils d’identification précoce et de régulation
R7 : Maîtriser les contenus en développant l’esprit critique afin de faire la différence entre opinions et données factuelles issues de la recherche
R8 : Définir les critères de qualité des sources d’information
R9: Identifier, évaluer et référencer les initiatives pour le public qui pourrait être implémenté sur la plateforme
Reference : Micallef J, Maisonneuve H, Muller S, Molimard M, Bégaud B, Cabut S, Daban M, Drici MD, Gatignol C, Grumblat A, Guaspare-Cartron C, Lasserre B, Mebarki A, Pons C, Prabonnaud F, Raynaud C, Saint-Lary O. Quelles actions pour lutter contre la désinformation sur les produits de santé ? Therapie. 2024 Jan-Feb;79(1):75-86. French. doi: 10.1016/j.therap.2023.10.004. Epub 2023 Oct 29. PMID: 37985308.