Une photosensibilisation médicamenteuse correspond à une réaction anormale de la peau, disproportionnée, résultant d’une interaction entre une exposition solaire (rayonnement UV) et un médicament « photosensibilisant », c’est à dire qui agit comme un chromophore (molécule qui peut changer de couleur en réponse à une excitation lumineuse).

Il faut distinguer 2 types de réactions de photosensibilisation :

La phototoxicité, réaction photochimique due aux propriétés chimiques du médicament.

Le médicament déclenche en quelques heures, sous l’activation des rayons du soleil, une réaction cutanée  douloureuse de type « coup de soleil », quelquefois avec bulles, exagérée par rapport à l’exposition solaire.
La localisation correspond toujours à la zone exposée.

Si le médicament est utilisé localement (pommade, crème…), la réaction se produira uniquement aux zones d’application du médicament. On parle de photosensibilisation de contact.

S’il est pris par voie générale, la réaction concernera toutes les zones exposées par la diffusion du médicament. On parle alors de photosensibilisation systémique.

L’intensité de la réaction présentée dépend de l’intensité de l’exposition solaire, du médicament, de la dose administrée,  ainsi que du phototype de l’individu. Une personne de phototype clair sera plus sensible qu’une personne de phototype foncé, mais une réaction phototoxique reste possible avec une peau plus mate.

Ce type d’éruption disparaît progressivement à l’arrêt du médicament et/ou de l’exposition solaire.

La photoallergie, véritable réaction allergique médicamenteuse, mais plus rare

Une photoallergie survient chez un sujet prédisposé et pré-sensibilisé, dans un délai de 5 à 21 jours après la prise ou l’application du médicament.  La sensibilisation initiale fait généralement suite à une exposition solaire d’une durée d’au moins 7 jours. Le délai peut être beaucoup plus court dans une situation de reprise du médicament (24 heures).

Ensuite, toute réexposition solaire à ce médicament, même avec des doses minimes d’UV, entraine une réaction photoallergique. L’éruption ne se limite pas aux zones photo-exposées et peut même atteindre les zones couvertes. Les lésions s’apparentent à de l’eczéma ou à de l’urticaire. La réaction disparaît lentement à l’arrêt du médicament et peut parfois persister.

Dans les 2 types de photosensibilisation, le traitement passe par l’arrêt du (ou des) médicament(s) en cause et, si le traitement en cause est indispensable, une éviction solaire ou des mesures de photoprotection (protection vestimentaire anti-UV, mise à l’ombre systématique et utilisation de crème solaire à forts indices de protection) sont indispensables.

Les médicaments photosensibilisants possèdent un symbole distinctif (pictogramme) sur leur boîte afin de les identifier facilement et ainsi prendre les mesures préventives adaptées.

Les principales familles de médicament contenant au moins une spécialité photosensibilisante sont les suivantes:

Médicaments pris par voie générale 

  • Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)
  • Antiépileptiques
  • Statines
  • Diurétiques (sulfamide, triamtérène)
  • Antidépresseurs
  • Antiparasitaires comme les antipaludéens (chloroquine et hydroxychloroquine)
  • Antiarythmiques comme l’Amiodarone
  • Inhibiteurs de l’Enzyme de Conversion (IEC)
  • Antibiotiques (quinolones, fluoroquinolones, tétracyclines, sulfamides, antibactériens)
  • Anticancéreux
  • Antifongiques
  • Inhibiteurs calciques
  • Neuroleptiques (chlorpromazine, phénothiazine)
  • Antitussifs (oxomémazine)
  • Anxiolytiques
  • Fibrates
  • Antiacnéiques (isotrétinoïne)
  • Inhibiteurs de la pompe à protons (omeprazole, pantoprazole, …)
  • Antidiabétiques oraux notamment les sulfamides hypoglycémiants comme le glimépiride ou le glibenclamide

Médicaments pris par voie locale

  • Pommades antiallergiques
  • Pommades anti-acnéiques (adapalène, isotrétinoïne, peroxyde de benzoyle)
  • Gels anti-inflammatoires

Il faut également faire attention à/aux:

  • Sources d’exposition artificielles (cabines de bronzage) qui provoquent les mêmes réactions que le soleil
  • D’autres produits qui jouent également un rôle de chromophore comme:
    • Les plantes : fenouil, céleri, millepertuis, anis, citron, pamplemousse, …
    • Des cosmétiques tels que des déodorants à base de triclosan, le baume du Pérou, la citronnelle, et quelques parfums.
    • Des boissons à base de quinine
    • Et les édulcorants à base de cyclamate.

Article rédigé par le CRPV de Rouen

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