Qu’est-ce qu’un inhibiteur de la pompe à proton (IPP) et à quoi sert-il ?
Un IPP est utilisé pour diminuer la quantité d’acide produite par l’estomac (il augmente le pH gastrique) et ainsi traiter ou prévenir un ulcère gastroduodénal ou une inflammation de l’œsophage (œsophagite).
Cinq molécules (oméprazole, esoméprazole, lansoprazole, pantoprazole et rabéprazole) sont actuellement disponibles en France, avec de nombreux génériques.
Il existe une équivalence d’efficacité entre les IPP : comme par exemple 10 mg d’oméprazole 20 mg d’ésoméprazole. Cf tableau ci-dessous :
Molécule |
Nom commercial |
Demi-Dose Adulte |
Pleine dose Adulte |
Esoméprazole |
INEXIUM® et génériques |
20 mg |
40 mg |
Lansoprazole |
OGAST®, OGASTORO®, LANZOR® et génériques |
15 mg |
30 mg |
Oméprazole |
MOPRAL®, ZOLTUM® et génériques |
10 mg |
20 mg |
Pantoprazole |
INIPOMP®, EUPANTOL® et génériques |
20 mg |
40 mg |
Rabéprazole |
PARIET® et génériques |
10 mg |
20 mg |
Les IPP sont utilisés dans :
- le traitement du reflux gastro-œsophagien (RGO) et de l’œsophagite par RGO
- la prévention et le traitement des lésions gastroduodénales dues aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) chez les patients à risque ;
- l’éradication de Helicobacter pylori et le traitement des ulcères gastroduodénaux.
La durée de traitement doit être la plus courte possible et être réévaluée régulièrement par un médecin.
Un nombre important de prescriptions paraissent injustifiées, telles que la prévention des lésions gastroduodénales dues aux AINS utilisés dans le cadre d’affections aiguës chez des patients non à risque (patients de < 65 ans, n’ayant pas d’antécédent d’ulcère, n’étant pas traités par corticoïdes ou antiagrégant plaquettaire).
Effets indésirables des IPP
Les IPP sont habituellement bien tolérés mais, comme tout médicament, ils peuvent avoir des effets indésirables, notamment lors de traitements de longue durée. Par leur mécanisme d’action (i.e. augmentation du pH gastrique), ils peuvent, à long terme, diminuer l’absorption du fer et du magnésium dont les conséquences peuvent être :
- une anémie ;
- une carence en magnésium avec des tremblements fins et des troubles du rythme cardiaque ;
- une carence en calcium avec des fractures osseuses ;
- une infection pulmonaires ou ORL suite à la migration de bactéries virulentes du tube digestifs, telle que Clostridium difficile, Salmonella, etc…
- des troubles neurologiques (secondaires à une baisse du taux de sodium dans le sang).
Par ailleurs, chez certains patients, ces médicaments peuvent également entraîner des réactions d’hypersensibilité qui sont à l’origine :
- de thrombopénie (baisse des plaquettes) ;
- d’hépatite ;
- d’insuffisance rénale aiguë.
Tous ces effets peuvent être graves, mais régressent généralement après l’arrêt du médicament.
Interactions médicamenteuses
Les IPP sont sources d’interactions médicamenteuses notamment avec le clopidogrel (PLAVIX®), le méthotrexate (IMETH®, NOVATREX®), etc…).
Pour toute question, n’hésitez pas à en parler avec votre médecin, votre pharmacien ou votre centre de pharmacovigilance.
Bibliographie
- Haastrup PF, Thompson W, Søndergaard J, Jarbøl DE. Side Effects of Long-Term Proton Pump Inhibitor Use: A Review. Basic Clin Pharmacol Toxicol 2018;123:114‑21.
- Bavishi C, DuPont HL. Systematic review: the use of proton pump inhibitors and increased susceptibility to enteric infection: Systematic review: proton pump inhibitors and bacterial diarrhoea. Aliment Pharmacol Ther 2011;34:1269‑81.
- Moledina DG, Perazella MA. PPIs and kidney disease: from AIN to CKD. J Nephrol 2016;29:611‑6.