La première partie de l’étude CIRUPT a porté sur l’analyse rétrospective de 462 cas d’effets indésirables liés à une rupture de stock de médicaments, enregistrés dans la base française de pharmacovigilance entre 1985 et 2019. Les cas concernaient principalement des médicaments du système nerveux (22,1%, intervalle de confiance à 95% [IC] 17,5-27,0%), du système cardiovasculaire (16,4%, IC 95% 11,9-21,4%) et des anti-infectieux à usage systémique (14,3%, IC 95% 9,7-19,2%). La plupart des effets indésirables médicamenteux (EIM) touchaient le système nerveux central (21%, IC 95% 18-24%), la peau et l’espace sous-cutané (14%, IC 95% 11-17%), ou étaient des troubles généraux (13%, IC 95% 10-17%) ou des troubles gastro-intestinaux (8%, IC 95% 5-11%). Une aggravation de la maladie traitée a été observée dans 16% des cas, principalement en raison d’un manque d’efficacité du médicament de remplacement. La moitié des cas avaient un critère de gravité. Si l’évolution était le plus souvent favorable (79%), des décès ou des situations mettant en jeu le pronostic vital ont aussi été rapportés (6%). Le contexte de rupture de stock expliquait la survenue d’une erreur médicamenteuse (EM) dans 51 cas (11%), principalement au moment de l’étape de l’administration et impliquant un facteur humain.
Cette étude illustre l’impact clinique effectif et potentiel d’une pénurie de médicaments en termes d’effets indésirables médicamenteux, d’erreur médicamenteuse et d’inefficacité thérapeutique. Elle souligne la nécessité de renforcer l’information fournie aux patients et aux professionnels de santé en contexte de pénurie afin de limiter ces risques. Cette étude pointe surtout l’importance d’une politique de santé globale visant à limiter la survenue de pénurie de médicaments.
La deuxième partie de l’étude CIRUPT portera sur le recueil prospectif mis en place entre début 2020 et juin 2022.