Les Centres Régionaux de Pharmacovigilance de Limoges et Besançon, en collaboration avec l’équipe Inserm UMR1098 RIGHT de Besançon, ont conduit une étude économique (IATROSTAT-ECO) pour évaluer le fardeau économique des hospitalisations liées à la survenue d’un effet indésirable médicamenteux (EIM) en France [1]. Les résultats de ce travail ont été possibles grâce aux centres régionaux de pharmacovigilance, aux médecins et départements d’informations médicales des établissements de santé publics participants à l’étude IATROSTAT ECO.
Il s’agit d’une étude complémentaire à l’étude IATROSTAT conduite précédemment par le Réseau Français des Centres Régionaux de Pharmacovigilance. Cette étude de pharmacovigilance sur un échantillon d’hôpitaux publics en France avait montré une augmentation importante du nombre d’hospitalisation pour effet indésirable en lien avec la prise des médicaments (+136%) entre 2007 et 2018. Il avait été ainsi estimé que, chaque année en France métropolitaine, environ 212 500 personnes étaient hospitalisées à cause d’un EIM dans un service court séjour de spécialités médicales du secteur public hospitalier. Il avait été aussi estimé que 16,1% de ces EIM compliqués d’hospitalisation auraient pu être évités si les médicaments avaient été utilisés par les professionnels de santé et les patients conformément aux recommandations de bon usage [2,3].
Au cours des 10 dernières années, les effets indésirables médicamenteux sont donc devenus un motif plus fréquent d’hospitalisation en France. Ces hospitalisations pour effet indésirable médicamenteux représentent environ une dépense de près de 6000 euros par patient, avec une fourchette allant de 600 à 27 400 euros pour l’Assurance Maladie. Pour les hospitalisations pour effet indésirable médicamenteux évitable, ce coût est de 4500 euros par patient avec une fourchette allant de 600 € à 11 000 €. L’extrapolation de ces estimations amène à des coûts médicaux totaux annuels des hospitalisations pour effet indésirable médicamenteux en France, estimés à au moins 1,3 milliards d’euros (pour des dépenses publiques totales de soins hospitaliers de 89 milliards d’euros) et pour les hospitalisations pour effet indésirable médicamenteux évitables à environ 155 millions d’euros.
Ces résultats doivent conduire à engager une réflexion approfondie pour lutter contre la iatrogénie médicamenteuse grâce à des actions de formation, d’évaluation et de prévention, en étant tous impliqués dans le bon usage des médicaments.
Références :
- Laroche ML et al. Economic burden of hospital admissions for adverse drug reactions in France: The IATROSTAT-ECO study. Br J Clin Pharmacol 2024. https://bpspubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/bcp.16266
- Dépêche APM du 16/06/2021: https://www.apmnews.com/story.php?uid=80431&objet=369008
- Laroche ML et al. Incidence and preventability of hospital admissions for adverse drug reactions in France: A prospective observational study (IATROSTAT). Br J Clin Pharmacol. 2023 Jan;89(1):390-400. https://bpspubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/bcp.15510