Les ruptures de stock des médicaments sont une problématique croissante en France et dans le monde avec des retentissements multiples. Toutefois, les conséquences en termes d’effet indésirable (EI) n’ont été que très peu étudiées, en particulier à partir des données de pharmacovigilance nationale ou internationale. Ainsi, le Réseau Français des Centres Régionaux de Pharmacovigilance a pris l’initiative de conduire une étude pilotée par les centres régionaux de pharmacovigilance d’Angers, de Dijon et de Limoges afin d’évaluer la iatrogénie médicamenteuse induite par les ruptures de stock ou les tensions d’approvisionnement.
Une première étude rétrospective avait été réalisée à partir des données enregistrées dans la Base Française de Pharmacovigilance de 1985 à 2019 [1].
Une seconde étude sur une période plus récente, s’étendant du 1er janvier 2020 au 30 juin 2021, vient d’être publiée [2]. Sur cette période, les notifications ont été sollicitées par une vaste campagne d’information auprès des correspondants locaux hospitaliers de chacun des centres régionaux de pharmacovigilance, de la presse médicale et non médicale ; ce qui a permis une large diffusion auprès des professionnels de santé et des patients, en particulier en ville.
Cette étude a inclus 224 cas représentés principalement par des EI liés à la molécule de remplacement (59 %), des erreurs médicamenteuses (23 %) avec ou sans EI, et des inefficacités médicamenteuses (18 %). Près d’un tiers de ces cas étaient graves. Les classes de médicaments les plus représentées étaient les vaccins (35 %), les médicaments antihistaminiques de type anti-H2 (12%), les anticancéreux (8 %) et les antiépileptiques (7 %). Il est important de noter que les conséquences de ruptures de stock ne sont pas uniquement liés aux médicaments inscrits sur les listes « d’intérêt thérapeutique majeur ou médicaments essentiels ». De plus, dans 82 % des cas, le médicament en cause avait fait l’objet d’une d’information délivrée aux professionnels de santé par l’ANSM. Aussi, des mesures additionnelles sont souhaitables pour mieux maîtriser les risques liés aux ruptures de stock.
Références :
[1] Bourneau-Martin D, Babin M, Grandvuillemin A et al. Br J Clin Pharmacol. 2023;89(3):1080-1088.
[2] Bourneau-Martin D, Grandvuillemin A, Babin M, et al. Eur J Hosp Pharm. 2024. Online ehead of print.